Un débat passionné très suivi par les habitants d’Uzès
le Projet UCETIA
Questions Réponses sur le Projet UCETIA
Pourquoi L’Uzège et Prima Vera sont elles toujours mobilisés?
La découverte des mosaïques romaines à Uzès a provoqué un grand élan d’intérêt début avril 2017.
Les archéologues de l’INRAP s’exprimaient avec enthousiasme dans les médias sur la qualité exceptionnelle des vestiges « les plus anciennes, les plus grandes et dans un état de conservation remarquables… le centre de la cité était là… ».
Suite à une mobilisation citoyenne, la Région, en charge du chantier de l’internat où elles ont été mises à jour, s’est engagée à ce que ces mosaïques (enlevées provisoirement pour des raisons techniques) reviennent à Uzès dans un « lieu dédié ».
L’Uzège et Prima Vera soutiennent la réalisation de l’internat des lycées, du projet de musée dans l’ancien évêché et d’un espace public « in situ ».
Cet ensemble cohérent donnerait à « Uzès la Romaine » un rayonnement exceptionnel et serait un atout éducatif, culturel et touristique pour notre territoire.
Que nous révèlent ces mosaïques ?
Datant du 1er siècle avant JC, soit plus d’un siècle avant le Pont du Gard, ces mosaïques révèlent pour la première fois la cité romaine d’Ucetia. Acte de naissance d’Uzès, elles établissent aussi le lien entre Nîmes, le Pont du Gard et Uzès.
Pourquoi ces mosaïques devraient elles revenir sur leur lieu d’origine ?
Il est généralement considéré que les ruines archéologiques doivent être préservées sur leur site d’origine. Elles représentent un marqueur essentiel, fondateur de l’histoire d’une cité. Le choix du site d’implantation d’une cité romaine était primordial, stratégiquement et symboliquement, déplacer ses vestiges leur fait perdre une part importante de leur sens et prive le visiteur d’une expérience incomparable.
La petite mosaïque dont le motif évoque un diagramme–templum semble particulièrement intéressante. Le dessin de la mosaïque est similaire aux diagrammes de fondations de cité de l’arpenteur romain Hygin (1 s. ap JC) dont le traité d’arpentage avait été conservé et illustré sur des manuscrits antiques et médiévaux à partir du Ve siècle. L’ouvrage est consacré à la conception et à la construction des limites orthogonales qui dessinent et structurent les cités antiques dont l’orientation et le quadrillage symbolisent l’ordre cosmique et l’harmonie du monde.
La mosaïque placée au seuil d’une salle ou le nom de Lucius Cornelius était inscrit pourrait avoir un sens commémoratif et rappeler le rituel de fondation des cités et des colonies romaines initié par Romulus le 21 avril 753 av.JC.
Le jour de l’équinoxe de printemps, Le Fondateur après avoir interrogé les dieux, indique l’« umbellicus », le nombril de la future cité, le centre du monde, l’augure fait alors creuser le « mundus », une fosse où les nouveaux habitants jettent une poignée de leur terre d’origine et des offrandes. Lorsque le soleil est au zénith, le midi vrai, l’arpenteur trace le Decumanus (Est-Ouest) et perpendiculairement le Kardo (Nord-Sud) . Les deux axes orientent géographiquement et temporellement la cité. Le développement de la colonie et du territoire proche se fera parallèlement à ces deux axes. Enfin l’augure fondateur creuse le cercle , le « sulcus primigenus », le sillon primordial avec un bœuf et une vache et un soc de charrue en métal précieux (cuivre), indiquant ainsi les limites de la cité où l’on élèvera le mur de protection le «poemerium » de part et d’autre de ce mur on ne peut construire, c’est un cercle sacré entre l’intérieur et l’extérieur de la cité.
Le rituel est un geste fécondateur, littéralement la cité émane de la terre et lie ses nouveaux habitants au cosmos.
Des cérémonies régulières avaient lieu sur ce site, rappelant la fondation de la ville et l’essence du pouvoir romain.
Qui était Lucius Cornelius, le personnage central à qui une des mosaïques fait référence ?
Le nom de Lucius Cornelius figure sur les mosaïques d’Uzès. Selon l’historienne Sandrine Viollet, Lucius Cornelius Sulla (138-78 av JC), général romain et augure, aurait conquis la Grèce et aurait participé aux guerres contre les Cimbres et les Teutons (103-101 avant JC). D’après l’historien Francois Hinard, il fut à l’origine de la transition de la République à l’Empire. Il est possible qu’Ucetia ait été fondée pendant son consulat (88 avant JC), ou sa dictature (82-79 avant JC). Une « maison de Sulla » située à Glanum, à St Remy de Provence, aurait été construite entre -100 et -50 av. JC.
Lucius Cornelius était il venu à Ucetia, était ce un hommage à ce personnage important, un homonyme ? Le mystère reste entier.
Un classement aux Monuments Historiques aurait il changé la situation?
Les mosaïques sont les sols d’un édifice, à ce titre la commission de classement aux monuments historiques aurait pu être saisie. Un classement aurait imposé la conservation des mosaïques à leur emplacement d’origine, le projet de l’internat se serait réalisé avec cette contrainte, et la zone sud de la gendarmerie aurait été préservée en jardin ainsi que le préconisait l’architecte du secteur sauvegardé.
Où en sont les négociations sur ce projet ?
La « découverte » des mosaïques et leur enlèvement simultané avait surpris les uzètiens, nombreux à n’avoir pas eu l’opportunité de visiter le site de l’origine de leur ville. Nos associations avaient réagi vivement. Elles ont lancé une pétition afin que le maintien « in situ » soit envisagé. La présidente de la Région Occitanie s’était alors engagée à ce que les mosaïques reviennent à Uzès dans un « site dédié ».
Le maire d’Uzès avait proposé le site de l’ancien évêché pour exposer ce patrimoine exceptionnel. Le ministère de la culture était favorable à une présentation des mosaïques sur le site d’origine sous des dalles de verre, respectant ainsi la convention de préservation des biens archéologiques de l’ UNESCO. La DRAC était aussi ouverte à une présentation des vestiges à l’évêché, tout en conditionnant la « donation » à la qualité du projet muséographique.
Lors de la présentation publique du projet de l’évêché au printemps 2019, l’adjoint à la culture d’Uzès indiquait une réalisation vraisemblable dans les 8 ans soit 2027.
Dans l’attente de l’ouverture du musée de l’évêché, un espace « Ucetia » in situ pourrait être réalisé rapidement et initierait ce projet ambitieux de la future « route de l’Antiquité » récemment sélectionnée par l’UNESCO.
Dans cet esprit, L’Uzège et Prima Vera ont proposés au conseiller régional Fabrice Verdier et au maire d’Uzès Jean Luc Chapon, la création d’un espace public, sur le site des fouilles archéologiques le « square Ucetia ». Les visiteurs découvriraient :
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Quelques vestiges de la cité retrouvée, sous une dalle de verre. C’est un procédé couramment utilisé sur les sites archéologiques, il permet de témoigner de l’authenticité du site tout en mesurant la stratification de l’histoire, l’épaisseur de temps passé, 2 mètres sous le sol actuel.
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Une vue sur la petite mosaïque, présentée aussi sous dalle de verre. A quelques mètres de son emplacement d’origine, mais sur le site d’Ucetia dans la même orientation.
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Des panneaux numériques raconterait les fouilles de l’INRAP et la conception de l’urbanisme romain dont l’influence est encore présente au XXI ème siècle.
Ce projet a retenu positivement l’attention de nos élus, une étude de faisabilité est en cours.
Pourquoi ce projet de jardin archéologique UCETIA est-il important pour notre territoire?
Entre le lycée général Charles Gide et le lycée des Métiers d’art Guynemer, les mosaïques apportent au cœur de la Cité une résonance particulière, liant ainsi Art et Histoire, Philosophie et Politique. Elles ouvrent des champs uniques d’applications pédagogiques pour la communauté éducative. Pour Uzès et sa région, ces mosaïques constituent un nouveau pôle d’attractivité culturelle, touristique et économique important. Le 1er Duché de France devient également « Uzès la Romaine ». Il y a là une opportunité de créer un nouveau « Parcours de la romanité» cohérent. Un site archéologique unique au monde: A l’origine d’une cité romaine.
Le musée Borias et la présentation des collections d’objets trouvés sur le site d’Ucetia viendrait compléter la visite du site archéologique. Le bassin de rétention dans la vallée d’Eure, d’époque romaine, emmènerait le visiteur jusqu’à la source d’un parcours de l’eau, puis au Pont du Gard et à Nîmes
A l’origine de l’urbanisme, l’Antiquité est une référence significative, un outil de réflexion pertinent sur notre relation à l’habitat et à ses conséquences sociales et écologiques.
Au delà de l’enchantement qu’elles suscitent, les mosaïques bimillénaires d’ Ucetia nous rappellent aussi d’où nous venons, et pourraient peut être nous aider à penser un avenir plus durable.
Découvrez l’ensemble du projet UCETIA sur le site prima-vera.net